Gordon ou Whipped Peter (en français : Pierre le fouetté) (fl. 1863) est un esclave Afro-Américain qui s'est échappé d'une plantation de Louisiane, en , et a gagné sa liberté lorsqu'il a atteint le camp de l'Armée de l'Union, près de Baton Rouge aux États-Unis. Il devient le sujet de photographies révélant les importantes cicatrices de son dos, qui sont causées par les coups de fouet donnés par les esclavagistes. Les abolitionnistes ont distribué ces portraits carte-de-visite de Gordon, à travers les États-Unis et dans le monde entier, pour montrer les abus de l'esclavage.

En , ces images apparaissent dans un article, sur Gordon, publié dans le Harper's Weekly, le magazine le plus lu pendant la guerre de Sécession. Les images du dos flagellé de Gordon fournissent aux habitants du Nord, une preuve visuelle du traitement brutal des esclaves et inspirent de nombreux Noirs libres à s'enrôler dans l'armée de l'Union . Gordon rejoint les troupes de couleur des États-Unis, peu après leur fondation et sert comme soldat pendant la guerre.

Évasion

Gordon s'échappe, en , de la plantation de 12 km2 (3 000 acres) de John et Bridget Lyons, qui le possédaient avec près de 40 autres esclaves, au moment du recensement de 1860,. La plantation des Lyon est située le long de la rive ouest de la rivière Atchafalaya, dans la paroisse de Saint-Landry, entre les villes actuelles de Melville et de Krotz Springs, en Louisiane.

Afin de masquer son odeur aux chiens limiers qui le poursuivent, Gordon prend des oignons de sa plantation, qu'il porte dans ses poches. Après avoir traversé chaque ruisseau ou marécage, il se frotte le corps avec les oignons afin de chasser son odeur. Il fuit sur plus de 64 km, en 10 jours, avant de rejoindre les soldats de l'Union du XIXe corps, stationnés à Baton Rouge.

Arrivée au camp de l'Union

Pherson et son partenaire M. Oliver, qui étaient dans le camp à l'époque, réalisent des photos de Gordon, montrant les cicatrices couvrant son dos.

Au cours de l'examen, Gordon aurait déclaré :

« Dix jours après avoir quitté la plantation. Le contremaître Artayou Carrier m'a fouetté. J'ai eu mal au lit pendant deux mois à cause du fouet. Mon maître est venu après que j'ai été fouetté ; il a renvoyé le surveillant. Mon maître n'était pas présent. Je ne me souviens pas du fouet. J'ai eu des douleurs au lit pendant deux mois à cause du fouettage puis mes sens ont commencé à revenir - j'étais un peu fou. J'ai essayé de tirer sur tout le monde. C'est ce qu'ils ont dit, je ne savais pas. Je ne savais pas que j'avais essayé de tirer sur tout le monde ; ils me l'ont dit. J'ai brûlé tous mes vêtements ; mais je ne m'en souviens pas. Je n'ai jamais été comme ça (fou) avant. Je ne sais pas ce qui me fait devenir ainsi (fou). Mon maître est venu après que j'ai été fouetté ; il m'a vu dans mon lit ; il a renvoyé le surveillant. Ils m'ont dit que j'avais tenté le premier de tirer sur ma femme ; je n'ai tiré sur personne ; je n'ai fait de mal à personne. Mon maître est le capitaine JOHN LYON, planteur de coton, sur Atchafalaya, près de Washington, en Louisiane. Fouetté deux mois avant Noël,. »

Service dans l'Armée de l'Union

Gordon rejoint l'Armée de l'Union, en tant que guide, trois mois après que la Proclamation d'émancipation ait permis l'enrôlement d'esclaves libérés, dans les forces militaires. Lors d'une expédition, il est fait prisonnier par les Confédérés. Ils l'attachent, le battent et le laissent pour mort. Il survit et s'échappe, une fois de plus, vers les lignes de l'Union.

Peu après, Gordon s'enrôle dans une unité de la guerre civile des troupes de couleur américaines. Il aurait combattu courageusement comme sergent dans le Corps d'Afrique, pendant le siège de Port Hudson, en . C'est la première fois que des soldats afro-américains jouent un rôle de premier plan dans un assaut.

Postérité

En 2011, James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, constate : « Une partie de l'incroyable puissance de cette image est, je pense, la dignité de cet homme. Il pose. Son expression est presque indifférente. Je trouve cela remarquable. Il dit essentiellement : "C'est un fait".,. »

J.W. Mercer, chirurgien adjoint du 47e régiment d'infanterie du Massachussetts (en), sous les ordres du colonel L.B. Marsh, déclare le  : « J'ai constaté qu'un grand nombre des quatre cents contrebandiers que j'ai examinés étaient gravement lacérés comme le spécimen représenté sur la photographie ci-jointe. ».

Dans la culture populaire

  • Dans le film Lincoln, de 2012, Tad, le fils d'Abraham Lincoln, regarde à la lueur d'une bougie, une plaque de verre représentant la photo de l'examen médical de Gordon.
  • Emancipation, un film d'Antoine Fuqua basé sur la fuite de Gordon, incarné par Will Smith, connaît une sortie limitée dans quelques salles américaines le avant une diffusion mondiale sur Apple TV le .

Galerie

Notes et références

Citations étrangères

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Gordon (slave) » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

  • (en) Margaret Abruzzo, Polemical Pain : Slavery, Cruelty, and the Rise of Humanitarianism, JHU Press, , 344 p. (ISBN 978-1-4214-0127-0, lire en ligne), p. 309. .
  • (en) David S. Heidler, Jeanne T. Heidler et David J. Coles, Encyclopedia of the American Civil War : A Political, Social, and Military History, W. W. Norton & Company, (ISBN 978-0-3930-4758-5). .
  • (en) Copy photograph of Gordon, a runaway slave, vers 1863.

Articles

  • (en) « The Scourged Slave's Back », The Liberator,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ). .
  • (en) « A Typical Negro », Harper's Weekly,‎ (lire en ligne, consulté le ). .
  • (en) David Silkenat, « A Typical Negro - Gordon, Peter, Vincent Coyler, and the Story Behind Slavery's Most Famous Photograph », American Nineteenth Century History, vol. 15, no 2,‎ , p. 169-186 (DOI 10.1080/14664658.2014.939807, lire en ligne [PDF], consulté le ).
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  • (en) Mike Fleming, « Antoine Fuqua & Will Smith Runaway Slave Thriller ‘Emancipation’ To Be Introduced At Virtual Cannes Market; Based On Indelible ‘Scourged Back’ Photo », Deadline,‎ (lire en ligne, consulté le ). .
  • (en) Joan Paulson Gage, « A Slave Named Gordon », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Joan Paulson Gage, « Icons of Cruelty », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) « The Realities of Slavery », New-York Daily Tribune,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
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  • (en) Michele Norris, « 'The Atlantic' Remembers Its Civil War Stories », NPR,‎ (lire en ligne, consulté le ). .
  • (en) Theodore Tilton, « The Scourged Back », The Independent (New York), vol. XV, no 756,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ). .

Article connexe

  • Louisiane durant la guerre de Sécession

Lien externe

  • (en) Frank H. Goodyear, III, « The Scourged Back: How Runaway Slave and Soldier Private Gordon Changed History », sur le site abhmuseum.org [lien archivé] (consulté le ).
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